Qu’est-ce qu’un essayiste ? Décryptage d’un phénomène qui squatte l’info
On les voit partout.
Sur BFM, sur CNews, sur LCI, ces têtes parlantes qui déboulent avec leurs airs inspirés, leurs livres sous le bras et leurs théories sur tout.
On les appelle « essayistes ».
Mais c’est quoi, au juste, un essayiste ? Et pourquoi ces oiseaux-là pullulent-ils sur les plateaux de débat politique comme des pigeons sur une place publique ?
Accrochez-vous, on va plonger dans le grand cirque de l’info-spectacle.
Un essayiste, c’est quoi ce truc ?
À la base, un essayiste, c’est un mec ou une nana qui pond des bouquins pour réfléchir à voix haute.
Pas des romans, non, des essais.
Des textes où ils dissèquent le monde, la société, la politique, souvent avec une plume qui se veut brillante et des idées qui claquent.
Montaigne, au XVIe siècle, a inventé le genre : introspectif, libre, un peu perché. Aujourd’hui, c’est autre chose.
L’essayiste moderne, c’est un hybride entre le philosophe de comptoir, le chroniqueur télé et le vendeur de concepts à la sauvette.
Il n’écrit pas pour l’éternité, mais pour l’instant T, celui où il pourra briller sous les néons d’un studio.
Pourquoi on les voit partout ?
Simple : les chaînes d’info en continu ont un appétit insatiable. 24 heures sur 24, il faut remplir l’antenne.
Les journalistes, ça va cinq minutes, mais ça manque de piquant.
Les politiques ? Trop lisses ou trop occupés à mentir.
Alors, on appelle les essayistes.
Eux, ils ont le bagout, le culot, et surtout, ils ne risquent pas leur carrière sur un dérapage – au contraire, ça dope leurs ventes.
Résultat, ils squattent les fauteuils rouges pour causer Macron, wokisme ou crise migratoire, avec des punchlines qui font vibrer les réseaux sociaux.
C’est pas du débat, c’est du catch verbal.
Ça vaut quoi, au final ?
Là, ça se corse. D’un côté, ils apportent du sel.
Un essayiste qui dégaine une idée bien sentie, ça peut réveiller les neurones d’un public engourdi par les « éléments de langage ».
Mais souvent, c’est du vent.
Beaucoup surfent sur les peurs, les buzzwords, les polémiques du moment.
Leurs essais ? Des pamphlets recyclés, des copiés-collés de leurs chroniques X ou de leurs passages télé.
Et puis, soyons sérieux : combien d’entre eux ont vraiment lu autre chose que leurs propres tweets ?
Le pire, c’est qu’ils se prennent pour des oracles alors qu’ils ne sont que les porte-voix d’un système qui adore le bruit pour masquer le vide.
Les rois du storytelling ou les clowns du débat ?
Le truc, c’est que l’essayiste d’aujourd’hui ne cherche pas à convaincre par la rigueur.
Il vend une vibe, une posture.
Le rebelle, le visionnaire, le « je-dis-tout-haut-ce-que-vous-pensez-tout-bas ».
Et ça marche.
Les plateaux les adorent parce qu’ils font grimper l’audience, les libraires les bénissent parce qu’ils écoulent des stocks.
Mais nous, les spectateurs, on en tire quoi ? Un frisson, peut-être.
Une idée neuve, rarement.
À force de les voir gesticuler, on finit par se demander : et si c’était juste du théâtre pour meubler le néant ?
Bref, l’essayiste, c’est le symptôme d’une époque qui préfère les éclairs aux Lumières. Fascinant, agaçant, inutile ?
À vous de trancher. Mais une chose est sûre : ils sont là, et ils ne comptent pas lâcher le micro.